dimanche 9 janvier 2011

mercredi 27 janvier 2010

quelque part dans le no man's land.




" i'm a leningrad cowboy /
raising cattle on the steppes /
so pour me another vodka /
'cause i'm drinking to forget. "


QUELQUE PART dans la toundra. quatre tracteurs avancent lentement sur un champ enneigé. plus tard, leurs occupants, les leningrad cowboys, se retrouveront allongés sur une plage de galveston, texas. l'omniprésence de l'environnement naturel dans le film n'est pas un des seuls indices du naturalisme de kaurismäki. on est ici très proches d'une vision quasiment deleuzienne du surréalisme, prolongement du réalisme par le naturalisme, où s'affrontent mondes réels et mondes originaires. les leningrad cowboys sont sans cesse happés par les mondes originaires dans lesquels ils évoluent, sortes de visions stéréotypées, à la fois ridicules et idéalisées, des sociétés et paysages scandinaves, russes ou américains. l'apparition des mondes réels et des images pulsions chères à deleuze est bien plus cruelle. c'est la misère sociale, le rejet, l'exclusion, la tyrannie d'un manager, le vol. "i wonder when the wild starts. you always get murdered when you go to new york". à l'instar d'un bunuel, kaurismäki propose un naturalisme contemplatif qui, dans sa beauté absurde, sa volonté d'extraire un espace-temps irréel, son humour froid, est déjà en lui-même un surréalisme. mais c'est avant tout de musique que l'on parle. si les leningrad cowboys sont tour à tour qualifiés de "pas vendeurs", de "merde", ils n'en symbolisent pas moins la musique populaire telle qu'elle est devenue. malgré leurs différences absurdes et la pitié qu'ils inspirent, les leningrad cowboys semblent avoir tout compris aux schèmes musicaux actuels, lorsqu'ils interprètent born to be wild dans un bar de motards. leur grand-père s'avère d'ailleurs être abe lincoln, parti en voyage et jamais revenu. l'humour est froid, tout comme leur pays d'origine, mais la chaude compassion avec laquelle le finlandais filme ses freaks sociaux fait doucement fondre la glace.
leningrad cowboys go america - aki kaurismäki (1989)

jeudi 24 décembre 2009

there and back again.



AVANT HIER, enfin aujourd'hui, enfin en ce moment, je ne sais plus trop, c'est noël. je crois qu'on est censés offrir des trucs, en tout cas c'est ce que font tous mes confrères de cet univers bizarre qu'on appelle la blogosphère. je suis un peu nul en cadeaux, et de toutes façons je n'ai pas beaucoup de visiteurs réguliers (ce qui est normal me diriez-vous, pour un site qui s'appelle plaisirs solitaires. généralement ce n'est pas quelque chose qu'on pratique en public). cependant, je me dois d'honorer les quelques personnes qui viennent ici régulièrement, ainsi que les quelques passagers éphémères, en bref tous ces gens super qui acceptent d'écouter toutes mes conneries. pour l'occasion je vous laisse quelques petites perles que vous connaissez sûrement déjà, ou pas, afin de réchauffer vos petits coeurs frustrés par le froid hivernal, et, comme le dit si bien mon ami arthur, d'échapper aux passionnantes et enrichissantes discussions entre oncle robert, mémé jeanine et tante fernande. elles sont un peu le bilan de mon année, relativement paisible dans son ensemble, avec une fin douce et agréable. prenez-en soin, joyeuses pâques.

(clique & télécharge)

mardi 20 octobre 2009

au printemps de mai, rescapés du massacre.



C'EST FINI la déprime. le soleil s'est barré, les gens vont fermer leur gueule et se recroqueviller dans leurs fourrures, capuches, couvertures moisies (rayer les mentions inutiles suivant vos moyens). finies les exhibitions de fraggles, qui resteront peinards fumer leur pelouse dans leurs grottes chauffées au gaz écologique. finis les ficelles de pouffiasses, les shorts de beaufs qui suintent la transpiration, finis les insectes à la con. finis les ratons bourrés qui crient des trucs débiles dans la rue en laissant tourner le moteur de leur bmw volée. finie la promiscuité forcée, finis les clubs. bonjour discrétion, calme, frissons. bonjour les soirées en appartement, les salles de concert où on transpire pour quelque chose. bonjour le froid, le vent, bonjour chromatics, interpol, bonjour les sons sereins et déprimants qui vont si bien avec un ciel sans soleil et des arbres sans feuilles. bonjour la nuit, le silence et la pénombre. je suis un autiste et j'aime l'hiver, mais ça va. 

lundi 12 octobre 2009

jean-louis costes est quelqu'un de très sympatique.



on avait déjà envoyé un mail à jean-louis. il avait répondu aux questions mais apparemment, avait oublié de nous les renvoyer. on a donc profité de sa venue au sonic pour échanger quelques mots, en tête à tête. jean-louis a bu du vin rouge, nous aussi, il a craché, il a hurlé, il a dit des trucs bizarres, puis il est monté sur le toit de la péniche avec nous pour une interview mystique et alcoolisée. 


(...) avec tous les péchés et blasphèmes que tu commets, il ne t’est jamais arrivé d’avoir peur de la sanction divine? c’est vrai, après tout, si vraiment il existait cet eden merveilleux, promis aux bons croyants, tu ne regretteras pas de ne pas pouvoir y aller?

il y a un curé un jour qui m’a dit : “vous vous rendez compte qu’à l’époque, vous auriez été super rejeté.” bon peut-être pas brûlé mais en tout cas pas enterré dans le cimetière. mais aujourdʼhui cʼest différent, alors jʼen ai rien à battre. et puis cʼest quoi un eden? ah cʼest le paradis? jʼy crois pas moi. moi je crois rien. tel que tu pries, tu croies. cʼest une phrase en latin super connue, jʼsais plus qui a dit ça. on te demande pas de croire, on te demande de bien tremper ta main avant de rentrer dans lʼéglise, de marcher à genoux, de gober lʼhostie et si tu le fais pas, on te nique ta gueule. le catéchisme tu vois, cʼest plus du yoga que de lʼenseignement religieux. moi jʼy crois pas quʼaprès ma mort, jʼirais là ou là, objectivement. jʼai vu une interview de benoît XVI yʼa pas longtemps, il disait que sʼil commençait à raisonner avec sa pensée rationnelle, un mec qui est né, qui a été tué et qui a réscuscité, ça tient pas debout. un mec divisé en trois personnes, ça tient pas debout non plus. personne y croit. comme dans les poésies, si tu commence à cracher sur une phrase, tu vas cracher sur toutes les phrases. cʼest un peu comme un poème, ou ça te le fait, ou ça te le fait pas. moi ça me le fait dans le cadre de la musique, ça me monte la tête parce quʼil y a des beaux coeurs, des beaux refrains, du vin. cʼest comme quand tu regardes un beau ciel étoilé. pendant 6 secondes tu te tapes un délire, après tʼen a marre, ça te gratte. juste avant le spectacle ça me le fait. dans les pays ou ils sont tous pauvres, malades et malheureux, ils ont tous la foi. quand tʼes dans le malheur tu regardes ailleurs, tu cherches un secours, du plaisir. mais merde quoi, cʼest comme les malades, faut leur laisser un peu de plaisir avant de crever. (...)


bon. ça c'est qu'un extrait. le reste de l'interview est mille fois plus drôle. normalement ça devrait sortir dans un fanzine, bientôt, dans quelques temps, un jour, si dieu le veut. si jean-paul sarce est d'accord, je mettrais le reste.