mardi 9 juin 2009

boire le vin nouveau.



TOUT À L'HEURE, je suis passé à côté de deux personnes qui discutaient. j'ai juste saisi "moi, j'aimerais bien me réincarner pareil, mais en jeune." j'aime bien capter des bribes de conversations dans la rue, c'est drôle, tu peux faire des cadavres exquis avec. franchement, elle est jeune mais elle est mûre, je lui ai fait une blanquette hier, jamais on m'avait parlé sur ce ton, l'enfoiré, il est vraiment hors contexte quoi, on m'a envoyé un catalogue de cuillères et ma perruche à la diarrhée, c'est l'apanage du vélo, en plus il fait chaud comme dans un désert sauf que la nuit il fait chaud pareil, c'est comme les hindous hein, mais c'est bien, c'est politique, c'est bien la politique.

dimanche 7 juin 2009

un autre toit, une autre preuve.



LES OUBLIÉS #1
PAUL ERDÖS n'était pas un mathématicien comme les autres. il ne s'enfermait pas dans une pièce pendant des heures pour réfléchir à des théorèmes dont tout le monde se fout, il ne se masturbait pas après chaque équation à 53 inconnues réussie, il ne nourrissait pas d'obsessions perverses et biscornues. paul erdös ne bâtissait pas de théories alambiquées mais résolvait des problèmes, avec simplicité et élégance. Son caractère particulièrement prolifique (il aurait écrit plus de 1500 articles de recherche) conduit les mathématiciens à s'auto-classer selon le nombre d'erdös, selon leur degré de séparation avec lui. vous savez, c'est un peu comme la fameuse théorie des six degrés de séparation, mais en version geek. einstein pouvait par exemple se vanter d'avoir un nombre d'erdös 2. lunaire, affectueux, ésotérique et autiste, erdös le hongrois avait peu à peu développé son propre dialecte, mélange de jeux de mots intelligents et de délires amphétaminés. chez lui, dieu était le suprême fasciste, les enfants étaient des epsilons (lettre grecque employée en arithmétique pour désigner une faible quantité), se marier c'était être capturé, divorcer c'était être libéré, et se remarier c'était être recapturé. accro au benzedrine, au ritalin et aux comprimés de caféine, il n'avait pas de femme, pas d'epsilons, pas d'emploi, pas de passe-temps. toutes ses affaires tenaient dans une valise et dans un sac orange de centrum aruhaz, un grand magasin de budapest. "mon cerveau est ouvert", déclarait-il en tapant à la porte d'un collègue mathématicien, chez qui il restait afin de collaborer sur le développement de la théorie de ramsey ou sur l'application de la méthode probabiliste. lorsqu'il en avait assez, erdös s'en allait trouver un nouvel hôte. il meurt en plein congrès le 20 septembre 1996, à l'âge de 83 ans. sa vie, son oeuvre, sa philosophie méritent qu'on lui rende hommage comme pionnier oublié des mathématiques modernes. quelques mois avant sa mort, il se demandait toujours pourquoi le suprême fasciste avait décidé de l'embêter avec cette grippe.


mercredi 3 juin 2009

well, everybody knows that...









...the bird is the word.






AVANT, barcelone, c'était la ville où la même grille de magasin recevait cinq ou six graffitis différents par jour, où tu pouvais voir des mecs assis sur des chaises accrochées à un mur, où tu pouvais laisser ta caisse garée n'importe où sans ticket de stationnement, et où ça sentait bon le bruit des roues de skateboard sur les pavés. maintenant, tu y croises des confréries de clochards qui te vendent de la bière qui fait vomir à un euro mais que tu peux facilement marchander à cinquante centimes, les auberges de jeunesse fixent leurs tarifs à la tronche du client, les hommes-statues de la rambla sont vraiment en panne d'inspiration, les gens parlent super fort, les poubelles envahissent doucement la ville et les clubs sont tellement nazes qu'on te distribue 500 mètres avant des entrées gratuites pour toi et tous tes copains. finalement, c'est juste devenu une ville du sud comme les autres.